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Rouge, mais pas trop ...

Posted on by Jules

Un restaurant. Des uniformes occupent une place de choix au fond de la salle. Il semble que Mao soit venu ici, tant cet endroit regroupe de reliques à la gloire du gouvernement chinois et de sa culture; Affiches, portraits, drapeaux, le rouge sié au kaki. Nous mangeons sur un jeu de l'oie version armée rouge, où les innocents petits chevaux sont devenus les invicibles avions du bras armé de Hu Jintao.

On respire l'amour de la Chine traditionnelle, la Chine de Mao, celle du thé servie dans des cups en fer blanc. Les bols, les baguettes recouvrent ici leur authenticité, donnent une nouvelle saveur aux mets traditionnels, appellent les airs mélodieux des cordes langoureuses. La chine d'il y a cinquante ans, celle du communisme vibrant, celle de la ferveur populaire, des travailleurs assidus, cols rouges, retrouve dans ce sanctuaire un nouveau souffle.

Les plats les plus typiques des diverses provinces se bousculent à la carte, aucune idée sur quelle cuisine porter mon choix. Je reste l'invité en laissant mon aimable collègue choisir pour moi. Un mélange de chaud et de froid, de salé, de sucré, de pimenté, d'asaisonné, rien d'étrange, tout de délicieux. Les patates cotoient les poivrons et les aubergines, les nouilles, le poulet et une délicieuse sauce, d'autres nouilles aux fruits de mer sont servies froides, avec des légumes frais. Des soupes arrivent encore où les vermicelles insaisissables trouvent refuge entre les morceaux de veau et les herbes aromatiques, coriandre, ciboule ...

C'est une famille qui accueille, la fille sert, le père cuisine, la soeur tient les comptes. Polis, serviables, d'adorables personnes qui m'ont permis d'entamer une enième conversation en chinois ; on dirait pas, mais c'est tellement difficile. Je me sens ici dans un pays différent, ravi de voyager encore au pays des saveurs asiatiques. on y sent la culture si différente, la chine d'hier et d'aujourd'hui.

Tout sonne, tout chante, tout respire la Chine. Une chose, un écran de télé. Die Hard 4 passe en continu. Summum de l'américanisme latent dans les films d'actions hollywoodiens, les marques de "globalization" viennent ternir ce tableau reconstitué d'une Chine depuis longtemps dépassée.

Car c'est le lot des chinois d'aujourd'hui, composé avec la forte identité culturelle, la tradition et les marchandises alléchantes de la consommation qu'ils commencent à percevoir. C'est bien ça le paradoxe de la Chine d'aujourd'hui ; un régime sevère pour des chinois les bras ouverts, une forte identité pour un monde globalisé, une longue tradition pour un monde de consommation ; Mao, pais pas trop.

A suivre ...

Rouge, mais pas trop ...
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